Merry Christmas, Happy New Year !
Ben oui, c'est comme ça que j'avais eu l'intention d'intituler ce message il y a déjà quelques temps de cela... Hum hum... Désolée les amis... Alors maintenant, je suppose que ce serait mieux de commencer comme ça :
Nouvelle-Zélande, Île du Sud, Queenstown, 3 mois plus tard...
ou euh
Veuillez patienter s'il vous plaît ?
Prologue
Mais tout ça, la faute à qui ? (oui, parce que ça ne peut pas être de ma faute, vous vous en doutez bien, alors il faut démasquer le coupable !). Au temps évidemment ! Il passe très vite le temps. Et malgré ce que vous pourriez être tentés de croire, ce n'est pas vraiment parce qu'on s'amuse comme des petits fous, et non ! C'est qu'il faut penser à gagner sa croûte des fois ! Et donc passer à l'action malheureusement... L'autre fautif aussi, c'est cette sal***rie d'informatique qui plante toujours au mauvais moment après un long acharnement à l'écriture et la mise en page (sans sauvegarde, cela va s'en dire...). Ce qui m'avait un peu refroidie d'internet pendant un moment... Et ce matin, enfin ! je m'y remets. Je raconte ma vie pendant 2 heures en face de cet écran pourri et puis j'avais presque fini (c'est que c'est long, hein) et là, PAF ! VLAM ! Rebelotte : coupure de courant cette fois ! (véridique). Un peu dégoûtée quoi (le mot est faible) ! Mais enfin, n'écoutant que mon courage et mon sang-froid, je m'y remets derechef cet après-midi tout en me disant que c'est clairement maintenant ou jamais !
Donc que s'est-il passe aux antipodes pendant ces 3 mois laborieux ? Et ben d'abord, information d'intérêt capital : Sam est encore plus poilu qu'avant (je regarde les photos des messages précédents) et moi aussi par la même occasion ! Hi hi hi ! Nous en étions donc restés à l'Île du Nord et avions décidé de rusher vers celle du Sud et Queenstown en particulier pour son attrait en terme d'emplois... Nous sommes donc arrivés là le 25 novembre, justement pour fêter les 29 ans de Sam.
Synthèse
(exercice qui a toujours était mon fort, n'est ce pas...)
La ville d'abord.
Disons que Queenstown présente pour le moins quelques similitudes avec Grenoble (comme ça, on n'est pas perdus) + quand même une grosse différence... D'abord, autour de Queenstown, il y a des montagnes. Jolies en plus. Mais moins touffues que les nôtres, elles sont plutôt couvertes d'herbe : de tussock plus exactement. C'est très chiant pour marcher dessus, le tussock ; ça fait en fait un peu comme un champs rempli de ballons de basket-ball. Avec en plus les herbes glissantes de la pampa, pour un double effet casse-gueule. Mais cette fois, pas trop de moutons et autres bovidés tachetés. Avec aussi quelques stations de ski autour (mais c'est pas pour tout de suite et puis, sont pas gigantesques non plus : 3 télésièges à tout casser ?). Ensuite à Queenstown, il y a la "Gondola", même mieux : la "Skyline Gondola". Traduit, ça donne plus simplement : des bulles. Et oui, comme à Grenoble ! Pour monter sur la colline qui surplombe la ville et apprécier la vue d'en haut. Par contre à Queenstown, il n'y a pas l'Isère. Mais il y a bien bien mieux en revanche : un immense lac au pied de la ville, c'est ça la différence, le lac Wakatipu :
Le lac avec Queenstown en bas et les "Remarkables" en face
(depuis le Ben Lomond, 1750 m, au nord de la ville)
Par contre Queenstown, c'est beaucoup plus petit que Grenoble (même pas 10 000 habitants). Il n'y a pas d'université mais à la place il y a bien pire : des hordes de touristes en manque de sensations fortes. Et bien ils ne sont vraiment pas déçus, car ici, on a définitivement pensé à eux : bungy jump (le saut à l'élastique, inventé et commercialisé world wide ici même en 1988), jetboating (du jetski de groupe ou il faut lever les mains tous en même temps et faire coucou à la caméra), rafting et autres descentes de rivières par tous les moyens qui soient, vols en avion, en hélico, parapente, chute libre... Tous ces trucs bon marché quoi ! La population est plutôt folklorique : très peu de kiwis mais ça ne manque pas de tous les membres du Commonwealth littéralement et constamment assoiffés de bière (ce qui n'est pas très étonnant de leur part...).
Dès notre arrivée, nous nous sommes mis en quête de boulot et 2 ou 3 jours plus tard, c'était reparti pour la vie active. Un peu trop facile... Sam travaille donc depuis 3 mois dans une des stations de ski sur le montage de structures métalliques. C'est cool mais il commence à 6h45 le matin. Mais au moins, il aime beaucoup ce qu'il fait et il apprend plein de trucs, c'est déjà ça !
Quant à moi, j'ai trouvé le job de mes rêves : "kitchen hand", ce qui consiste simplement à laver la vaisselle dans 2 restaurants tenus par le même proprio. Comment dire... Un job pas des plus gratifiants et plutôt très très pénible. Avec des chefs pressés qui balancent leurs casseroles sales dans l'évier, tel le joueur de basket avec le panier (sauf que là, c'est pas vraiment Michael Jordan...). Dans ce genre de boulot, c'est pas le Commonwealth qu'on retrouve, mais
plutôt l'Amérique du Sud. Mes "collègues" plongeurs (que des mecs,
j'ai très bien compris pourquoi maintenant...) étaient soit brésiliens,
soit argentins. Parfois, quand j'avais de la chance, on me donnait 15
kg de patates à éplucher ou encore mieux : des poissons à écailler,
l'horreur ! (n'est-ce pas Romain ?). Et ne parlons pas des kilos de
moules à ébarber. J'ai fait ça jusqu'à 13 heures par jour. Et après, pas la peine de préciser qu'on a pas de mal à s'endormir. Par contre, plus besoin de manucure mais plutôt d'un bon massage (maintenant j'ai des bras de camionneur aussi...). Malheureusement, à l'heure où je rentre, ça fait déjà un moment que Sam est dans les bras de Morphée. Parce que c'est pas parce que les kiwis commencent à 6h du mat', qu'ils s'arrêtent à l'heure du goûter non plus. Construction/cuisine, même combat : ils travaillent aussi dans les 12h par jour. Mais ça tombe bien puisqu'on était venu ici justement pour gagner quelque pécule. Sam est pas trop mal payé (par rapport aux standards de l'intérim du pays). Moi c'est même pas la peine d'en parler : autant dire que je travaille pour me payer des bonbecs (mais y a pas de malabars ni de carambars ici, dommage), alors plutôt pour des clopinettes...
Mais je parle au passé car la situation a quand même un peu évolué depuis. A force de servitude silencieuse et forcenée, j'ai enfin pu passé au niveau supérieur. Maintenant, dans un des deux restaurants, qui propose des produits de la mer, je prépare les salades à l'assiette pendant le service (ça c'est le soir). Je participe à l'élaboration d'autres plats aussi, ce qui consiste principalement à réchauffer des portions de purée au micro-ondes... Mais j'adore vraiment. C'est du real-time et quand il y a trop de commandes en même temps et que ça devient la panique, c'est terrible (dans le sens où le temps se met a passer très très vite, qu'on fini toujours par y arriver et qu'après on est vidé mais content quand même). D'autant plus que je me marre bien avec les deux cuisiniers irlandais et anglais (sauf dimanche après la défaite des français à domicile bien sûr...). Dans l'autre restaurant, ça a pris plus de temps (ils rigolent moins les gars) mais j'ai fini par pouvoir aider aux "preps", c'est-à-dire à toutes les préparations dont ils ont besoin le soir pour confectionner les plats. C'est un restaurant gastronomique, un peu style la Corne d'Or à Corenc (jetez un coup d'oeil sur le site : http://www.wai.net.nz/) et j'ai vraiment appris beaucoup de choses là-bas. Ils font des trucs de fou avec des produits importés de partout (même du chocolat Valrhona comme à la maison à Noël). Tous les matins, nous préparons 3 sortes de pain différentes et les roulons en portions individuelles. On fait aussi la pasta fresca ! Et j'ai donc appris à faire la pâte des pâtes et à confectionner des tortellinis. J'ai pas mal travaillé avec Marc, le chef pâtissier et j'ai adoré évidemment. Glaces et sorbets maison, mousse de pommes au caramel, gelées à l'aloé vera ou au Vincotta (une sorte de vinaigre balsamique plus doux), "air" au chocolat amer, etc. Bref, un festival de saveurs folles auxquelles j'ai du goûter, re-goûter, re-re-goûter... Bref passons. Mais tout ça est bientôt de l'histoire ancienne car j'ai travaillé dans ce restaurant pour la dernière fois dimanche dernier et je termine mes salades dans 2 semaines. Idem pour Sam avec son boulot. Et oui ! C'est deja le temps pour nous de quitter Queenstown et de reprendre le large un petit moment.
Et puis c'est très beau de vivre en camion, mais en ville, c'est moins top. Au début, nous étions pourchassés par les gars de la ville puisqu'il est bien évidemment interdit de camper en ville et qu'on tentait quand même. Alors on a dû trouver une cachette hors de la ville et là, on a enfin pu être peinards. On a même un copain romanichel, comme nous, un Tchèque. Mais le problème c'est qu'entre Sam qui commence à 6h45 du mat' et moi qui finis après 23h, il faut se lever ensemble puisque notre maison est aussi notre voiture et après le boulot, Sam est obligé de m'attendre pour repartir se cacher pour la nuit... Pas facile ! Vient aussi le délicat problème de la douche. Heureusement c'est là qu'intervient la magie du lac Wakatipu à 12 °C : en fait, bien mieux qu'une douche, il lave et en même temps vous donne une bonne claque pour vous réveiller de bon matin. Et puis, c'est si agréable de pouvoir batifoler au milieu des coin-coins (aussi nombreux ici que les moutons dans le reste du pays) !
Voici la salle de bain et la vue depuis la fenêtre de la chambre...
(toujours les Remarkables en face)